Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/132

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Éclate, ô flamme ! va ! Consume sur leurs lits
Les couples monstrueux forniquant dans la fange !
Flamme, sois sans pitié, cours, purifie et venge !
A l’appel du Seigneur volez, ô noirs corbeaux ;
Glapissez, ô chacals ! O mort, que les tombeaux,
Trop étroits et pareils à des cuves trop pleines,
De chairs et d’ossements débordent dans les plaines !
Israël, que tes fils, dans l’horreur enfantés,
Tombent comme des fruits sous les vents irrités !
Que le sang du massacre empourpre l’eau des fleuves,
Et que la guerre, au loin multipliant les veuves,
Ne laisse d’Amaleq jusques au Libanon
Qu’un désert embrasé, sans refuge et sans nom !

Alors, Adonaï, dans la céleste aurore,
Dans la foudre et l’éclair, tu surgiras encore,
Solitaire, éternel, juste et rebâtissant
Sur des fondements neufs un rempart plus puissant
D’où ton peuple pieux, à l’abri dans l’enceinte,
Reconnaissant ton signe au fond de l’ombre sainte,
Te verra monter seul, foulant sous ton talon
Les Dieux évanouis qu’emporte l’aquilon.