Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/173

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Car il a vu parmi les ombres étoilées,
Sur la haute terrasse, une vierge sans nom
Ouvrir ses voiles d’or aux brises envolées.

Elle réglait sa danse au bruit du tympanon ;
Mais lui criait vers elle, et du fond de l'abîme
Une effroyable voix répondait toujours : — Non !

Non ! la chair est mauvaise et l’amour est un crime ;
Le glaive rouge tremble au cœur du condamné ;
La main du Très-Puissant étrangle la victime.—

Et c’était l’âpre voix du Prophète obstiné
Qui montait de la fosse et vomissait l’insulte
Sur le couple adultère, infâme et couronné.

Et soudain, aux clameurs des prêtres, chefs du culte,
Les scribes, les soldats, les esclaves tremblants
Hors des cours du palais s’élançaient en tumulte.

Comme un, peuple nombreux qu’invite aux jeux sanglants
Le tambour prolongé joint au buccin sonore,
La foule vers les murs hâte ses pas trop lents.

Tous, l’Arabe bronzé que le soleil dévore,
Et le Romain vêtu de la toge, et le Juif
Au manteau de poil sombre ou de laine incolore ;