Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/178

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Si le cep infécond gît, couché sur le sol ;
Si l’olivier sans fruits tombe sous la cognée ;
Si les Prophètes morts se lèvent du Scheöl ?

Qu’importe, si le Saint de sa droite indignée
A balayé son aire et mis l’orge au milieu ;
Si le sentier est droit et la route alignée ?

Préparez le sentier que suivra l’Oint de Dieu,
Qui, lavant la souillure et sacrant mon baptême,
Baptisera les cœurs dans l’Esprit et le Feu !

Je suis le laboureur qui laboure et qui sème ;
Mais dans le champ foulé Lui seul récoltera
Le blé qui germe et croît pour la moisson suprême.

Nuage avant-coureur de l’éclair qui luira,
J’ai marché devant Lui dans l’ombre et l’épouvante,
Austère précurseur d’un Autre qui viendra.

Il vient ! Le frisson passe en toute chair vivante,
Et ma main, qui frémit d’effleurer ses orteils,
Est trop impure encor pour être sa servante.

Israël a rompu le sceau des longs sommeils,
Et sa paupière s’ouvre et sa bouche adoucie
Se tend vers les rameaux de l’arbre aux fruits vermeils.