Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/187

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Ici, sur le désert, où gît encor Ninive,
Le pasteur a planté ses abris incertains ;
Ici, c’est Babylone où ta tribu captive
Sous les saules du Fleuve a pleuré ses destins.

A l’ombre des palmiers qu’un souffle frais écarte,
Damas, blanche et lascive, offre tous ses parfums ;
Héritier des grands Rois, dans Ctésiphon, le Parthe
Compte les chefs vaincus et les guerriers défunts.

Mais plus belle, ô Jésus ! mère et reine des villes,
Jérusalem frémit d’allégresse et t’attend ;
Et le temple est ouvert et les foules serviles
Forgent les degrés d’or de ton trône éclatant.

Que veux-tu donc, ô toi qui souris et dédaignes
Césarée où, siégeant au faîte souverain,
Le dur Procurator arbore comme enseignes
Quatre lettres de bronze et la Louve d’airain ?

Veux-tu Rhodes, Délos et la divine Athènes,
La Grèce au ciel d’azur, chère aux cœurs étrangers,
Dont le nom est plus doux sur les lèvres humaines
Qu’un souffle du printemps dans les bois d’orangers ?

Non ! devant ton orgueil aveugle, ô Fils de l’Homme !
Ces royaumes sont tels que cendres et limons.
Tu veux pour piédestal l’Univers, et c’est Rome,
Rome dont sous tes pas j’abaisse les sept monts.