Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/20

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Déjà Phoibos décroît à l’occident plus pâle.
Philémon dort, le front appuyé dans sa main,
Et laisse s’échapper et rouler sur la dalle
Le calame inutile auprès du parchemin.

Un songe, messager des Dieux, descend des nues,
Enveloppe son âme, et devant ses yeux clos
Un chœur triste et voilé de neuf Vierges connues
Paraît, marche, s’arrête avec de longs sanglots.

Faible comme un soupir, la voix des jeunes filles
Est semblable au murmure invisible et nombreux
Des oiseaux inquiets, lorsque sous les faucilles
Tombent les blés épars sur les coteaux pierreux :

— Salut, ô cher vieillard ! ô toi dont les années
Ont poli le front pur comme un marbre éclatant,
Toi qui, ralentissant les heures fortunées,
D’un siècle glorieux as compté chaque instant I

C’est l’heure, ô Philémon ! Regarde ! Les collines,
Sous le pied des chevaux et le fer des guerriers,
Ont perdu les abris où les Nymphes divines,
Au chant des belles eaux, fuyaient vers les lauriers.

Pour la dernière fois ton œil vit les fontaines
Traîner dans les gazons leur flot d’azur et d’or,
Et du haut des remparts l’impérissable Athènes
De la Victoire ailée éterniser l’essor.