Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/253

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Le tabernacle où gît l’immuable Devoir,
Et dans la nuit des temps, seul l’immortel espoir
Du lampadaire d’or allume les sept branches.
Les prémices du cœur sont les victimes blanches ;
Et l’holocauste offert en esprit est plus cher
Au Seigneur que le blé, l’huile fine ou la chair.

Israël ! Israël ! voici les destinées.
Père religieux des religions, nées
Au pied de tes coteaux, aux rives de tes lacs,
Prépare pour ton front la poussière et les sacs !
De la dispersion foulant les routes viles,
Assieds-toi, sans patrie, à la porte des villes.
Mais, grave et résigné, sanglant des maux subis,
Pressant ta multitude autour de tes Rabbis,
Joyeux comme un captif qu’un messager délivre,
Tire de ton manteau ton trésor et ton Livre.
Parmi les nations, comme un bloc cimenté,
Scelle par la Thora ta vivante unité,
Et du Texte épineux franchissant la clôture,
Par la Tradition éclaire l’Ecriture.
Incline ta pensée au temple intérieur
Qu’illumine la pure et céleste lueur
D’un Sinaï moins âpre où trône un Dieu moins rude,
Et, fidèle à ta Loi, marche en ta solitude,
Marche toujours guidé par la colonne en feu,
Vers le Vengeur promis, rêvé dans le ciel bleu !

Alors vos seins émus tressailliront, ô plaines !