Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/254

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O collines, alors d’ineffables haleines
Sur vos flancs amollis feront chanter les blés !
Alors succédera, telle qu’aux jubilés,
A la moisson des grains la récolte des vignes.
Et les fils d’Israël, victorieux et dignes,
Sous leurs toits reconstruits boiront leur propre vin.
Et les cœurs fleuriront dans le Parvis divin ;
Et dans tout l’Univers l’idéal Édifice
Nuit et jour fumera d’un nouveau sacrifice
Vers le Juste, le Fort, l’Unique, le Jaloux :
Oblation d’esprit, victime offerte en nous,
Symbole inoublié du Temple héréditaire,
Holocauste éternel vers le Dieu solitaire ! —

Or, tandis que la Vierge avait parlé, là-bas,
Bien loin, vers l’Orient du ciel funèbre et bas,
Comme un dernier reflet d’incendie, une aurore
Sur le sommet des monts sacrés venait d’éclore,
Et sur l’écroulement vaste et définitif,
Sans reconnaître rien, errait d’un pas craintif.
Et lentement, cette aube étrange, inattendue,
Grandit, rougit la neige, empourpra l’étendue
Et, dans l’ébranlement des nuages confus,
Fit apparaître un mur, des portiques, des fûts,
Des vestibules d’or, des parois d’améthyste
Et, dans un ciel limpide où sa splendeur persiste,
La vision d’un Temple inébranlable et pur.

Et joyeuse, Hadassa du côté de l’azur