Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/41

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ôn songeur, accoudé sur son lit,
Admire Drypétis qui chancelle et pâlit.
Et Séleukos se lève et vers sa couche amène
Celle qu’en Sogdiane engendra Spitamène.
Kratère impatient appelle de ses vœux
La royale Amastris dont les obscurs cheveux
Semblent un ciel nocturne où luisent des étoiles.
La fille d’Artabaze, en écartant ses voiles,
Fait tressaillir le cœur d’Eumène. Artakama,
Au corps voluptueux qu’Aphrodite forma,
Au col flexible, aux bras polis, au sein rigide,
De sa beauté secrète enivre le Lagide ;
Et chacune à son tour et dans l’ordre fixé
Monte, nouvelle épouse, au lit du fiancé.

Et toujours au festin, dans la lumière ou l’ombre,
D’autres vierges venaient vers des soldats sans nombre,
Et, de tous les recoins, un souffle violent
Courait parmi la foule, irritant et mêlant
Aux brutales ardeurs d’inextinguibles fièvres
Le frôlement des chairs et le baiser des lèvres.

Au bruit qui meurt succède un silence lassé,
De rauques ronflements par moments traversé,
Comme lorsque Borée excite ses bourrasques.
C’est l’instant où, soufflant par la bouche des masques,
Les acteurs, emplissant la tente de leur voix,
Peuplent, graves ou fous, le théâtre de bois