Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/42

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Et, réveillant l’ivresse aux torpeurs léthargiques,
Sèment dans l’air troublé l’effroi des vers tragiques,
Ou font, en grimaçant, rire et balbutier
La comédie antique au langage grossier.
Danseurs légers et nus, entre-croisant les danses
Dont la flûte sonore a marqué les cadences ;
Chanteurs mélodieux dont les molles chansons
S’accompagnent du bruit de la lyre aux beaux sons ;
Magiciens savants et maîtres du prodige,
Aux occultes secrets qu’un art caché dirige,
Réjouissant l’oreille et ravissant les yeux,
Tour à tour ont charmé les convives joyeux,
Avant que, célébrant l’heure et la destinée,
Un chœur inaperçu n’entonnât l’hyménée :

— Hymen ! Hymen ! le char d’Hélios a sombré
Dans la mer violette, au rivage empourpré !
Hymen ! la couche est prête, et la nuit favorable
Invite aux longs baisers l’épouse incomparable
Qui vient, près du Héros cher aux Dieux protecteurs,
De l’attente et du jour oublier les lenteurs !
Hymen ! Déjà l’époux a rompu la ceinture
De la vierge tremblante et dans sa chevelure,
Avec le voile épais et le double bandeau,
De la rose et du myrte écarté le fardeau !
Hymen ! Éros paraît et la torche s’allume !

Belle comme Aphrodite émergeant de l’écume,
Chaste comme Artémis sur l’Érymanthe ombreux,