Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/54

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De secouer la cendre au seuil de la demeure
Et d’entrer sans frémir dans l’invisible lieu.
Puisque mon corps, lassé des travaux et des rites,
Rejette le haillon de mes chairs décrépites,
Vents purificateurs, soufflez ! Jaillis, ô feu !

O Roi, Guerriers, Amis, Peuple, je vous salue !
Soleil, Œil de Brahma, Lune aux aspects divers,
Effort manifesté de la forme absolue,
Prajâpati, miroir du mobile Univers,
Salut ! Retraite sainte où, l’âme inassouvie,
Près du Rîchi pieux je t’ai longtemps suivie,
Route de la Doctrine ! ô forêt où le sal
Laissait filtrer l’aurore entre ses feuilles vertes
Et prêtait à l’ascète aux longs rêves inertes
L’impénétrable abri de son dais colossal !

La neige des hivers, au pays des Sept Fleuves,
Compta pour Kalanos, solitaire et priant,
Les ans de pénitence et le temps des épreuves,
Voici que de mes yeux, tournés vers l’Orient,
Un impalpable doigt fait tomber les écailles.
La Sagesse est assise au lit des funérailles,
Et mon âme est pareille à tous les flots épars,
Indistincts et mêlés dans un unique abîme.
Je suis l’autel, le feu, le prêtre et la victime,
Le sacrifice entier et les multiples parts.