Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/57

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O temps où l’Œuf du monde entr’ouvrant sa coquille,
Formant cet Univers de sa moitié d’argent
Et de sa moitié d’or le Ciel lointain qui brille,
Fit jaillir l’Embryon dont le corps est changeant
Et dont les monts ridés semblent la pellicule,
Soleil qui nais et meurs au double crépuscule,
Suivi par les désirs dans ton essor divin !
Tout est la fleur du rêve et le fruit du mensonge,
Et la création que la Maya prolonge
N’est que l’inanité de tout ce qui fut vain.

Heureux qui sait ! Heureux qui pense et persévère !
Heureux qui voit fleurir en son cœur absorbé
Les vives Facultés et le Manas sévère
Comme un bourgeon récent sur un rameau courbé !
Heureux l’homme que mène, en sa marche indécise,
La Buddhi vénérable au char de l’Ame assise !
Heureux qui, de l’abîme écartant les barreaux,
Parcourt le noir chemin des cercles concentriques
Et comme des couloirs d’un grand palais de briques,
Éclatant et subtil, sort des quatre Fourreaux !

Il entre, pourousha, dans l’univers du Rêve,
Ainsi qu’un voyageur au regard ébloui,
Qui voit, lorsque l’aurore au front des monts se lève,
Des pays merveilleux s’étendre autour de lui.
Les lacs et les étangs, d’une onde ensoleillée