Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/6

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et de la Khaldée ? Il est difficile de le préciser. C’est sur Israël et sur la côte Phénicienne que se manifesta seulement l’action diverse, mais très sensible, de ces deux grands empires.

Sans doute, les Phéniciens, par leurs navigations ou leurs caravanes, servirent d’intermédiaires entre les pays les plus éloignés. Par eux s’échangèrent les différents produits, les métaux, les étoffes, le verre, les pierres précieuses. Mais voués au négoce, âpres au gain, les rudes marchands de Tyr et de Sidon durent se préoccuper fort peu de recueillir les légendes cosmogoniques ou les symboles religieux des peuples qu’ils visitaient. Lorsqu’ils achetaient, à Memphis ou à Babylone, la statuette d’une divinité étrange, il est probable qu’ils ne songeaient point à demander l’explication de ses attributs ni même peut-être à s’enquérir de son nom.

Il fallait, pour remplir la mission à laquelle faillirent les Phéniciens, une race choisie, intelligente et curieuse, sans préjugés, pauvre et libre, capable de décerner de plus grands honneurs au sage qui rapportait de ses voyages quelque connaissance nouvelle qu’au stratège qui n’avait conquis que de périssables cités.

Le monde connut cette race divine, fille des plus nobles Dieux qu’il honora jamais, mère de la Sagesse et du Beau, éducatrice des âmes, révélatrice de l’Harmonie, abeille immortelle qui butina sur toutes les fleurs et transforma tous les sucs en un miel si parfumé que les lèvres humaines n’en goûtèrent qu’une fois l’enivrante et glorieuse saveur.