Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/7

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Les Dieux heureux d’Hellas avaient vaincu les monstrueuses divinités de l’Asie ; le Grand Roi et ses hordes avaient fui devant les libres défenseurs de la Grèce. Un chœur merveilleux, fait de toutes les voix héroïques, écho de toutes les poésies, chanta dans Athènes ressuscitée. Des statues parfaites peuplèrent les rampes de l’Acropole, et la grande, la prudente, l’harmonieuse, la divine Pallas se dressa dans l’azur éternel. Le Parthénon fut le sommet sacré sur lequel l’humanité pensante fixe encore ses yeux reconnaissants. Le siècle de Périclès révéla tout ce que l’âme des hommes pouvait contenir d’idéal et d’enthousiasme pour la Beauté.

En même temps que les chefs-d’œuvre naissait une curiosité universelle. Déjà Hérodote, en visitant les sanctuaires de l’Egypte, avait noté certaines analogies entre leurs Dieux et ceux de sa patrie. La Philosophie s’emparait de ces données récentes. C’est une loi reconnue que l’esprit religieux décroît à mesure que grandit l’esprit philosophique. Les Dieux, considérés d’abord comme des êtres de réalité, les Dieux que l’on adore, que l’on supplie, en qui l’on espère, n’apparaissent plus que comme des conceptions abstraites et leur existence même semble subordonnée à celle de l’esprit qui les rêva. Un abîme sépare les Dieux d’Hésiode de ceux d’Euripide. La tradition religieuse et mystique a fait place à la libre et changeante métaphysique.

Mais Platon, mais Aristote étaient morts ; le génie d’Hellas ne leur survivait qu’avec peine. Les rivalités des cités, les luttes intestines, l’arrêtaient dans son vol. Un