Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/71

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Et des ânes rétifs dont les braiments sonores
Excitent la fureur des grands onélaphores.
Des tigres et des lynx suivent les lions roux,
Et calmes, allongeant la hauteur de leurs cous,
Deux girafes dans l’air, au sommet des colonnes,
Broutent le vert feuillage et les fleurs des couronnes.

Et voici que frémit en d’invisibles mains
Une forêt mouvante où, vifs et presque humains,
Des singes, au milieu de factices bocages,
Agacent des oiseaux dans le fil d’or des cages.
Çà et là, des paons bleus, parmi les fins rameaux,
Ouvrent un ciel d’azur plus constellé d’émaux
Que le zénith astral au fond des nuits torrides.
Le faisan somptueux, près des méléagrides,
Jette un reflet de pourpre aux ombres des bosquets
Qu’enflamme le plumage ardent des perroquets.

Sous de sanglantes peaux, crispant leurs bras féroces,
Des esclaves guidant deux mille chiens molosses
Au poil fauve, à la gueule horrible, de leurs crocs
Mordant et déchirant les jarrets des taureaux,
Précèdent les brancards où de farouches hures
Semblent trouer encor de leurs défenses dures
Des ventres palpitants de gazelles. Les chars
Débordent de trésors, voiles, tapis épars,
Ébène nubien, ivoire, métaux, vasques,
Bassins d’or, boucliers, sceptres luisants et casques,