Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/72

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Cratères entassés, trépieds resplendissants
Qu’étreint de bleus réseaux la vapeur de l’encens.

Puis émerge soudain, hors des flottants nuages,
La procession lente et sainte des images
Divines, mariant aux marbres colorés
Les colosses noircis des Dieux qu’a délivrés
Le Roi chéri de Ptah.

                                   C’est lui !

                                                        Le char splendide
Roule, superbe et seul, dans l’immensité vide.
Une Victoire ailée, au flamboyant essor,
Sur le front du vainqueur étend un laurier d’or
Et, dans le fauve éclat que sa forme projette,
Bérénice sourit à côté d’Évergète.
Dieux Adelphes, salut ! Des vierges devant vous,
Balançant l’encensoir dans l’air limpide et doux,
Dispersent les parfums envolés en spirales ;
Et d’autres, présentant des couronnes murales
Que hérissent des tours et des créneaux ardus,
Portent, sur des tableaux à leurs cols suspendus,
Des noms assyriens de peuples et de villes.

Les Scribes lettrés, chefs des fonctions civiles,
Les Stratèges guerriers, les Amis, les Parents,
Au passage du char divin ouvrent leurs rangs ;
Et le Roi, comme un Dieu qui siège en sa chapelle,