Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/8

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changement immense, une transformation matérielle et morale étaient nécessaires pour le favoriser encore.

Alexandre conquit le monde.

Certes les nations domptées, l’Egypte, Babylone et la Perse ne pouvaient compter parmi les peuples barbares, Les ruines de leurs palais, leurs inscriptions, leurs sculptures, tous ces vestiges étonnants que notre siècle a rendus à la lumière, attestent un passé glorieux et une civilisation avancée. Mais la liberté manquait à leur art comme à leur pensée. L’Hellénisme ne tenta pas la tâche impossible de restituer une vie factice à leurs religions séculaires ; mais recueillant les dogmes, s’initiant aux mystères, il pénétra les mythes, en interpréta les symboles et en dégagea l’essence,

La vieille Athènes ne se prêta point volontiers à cette évolution de l’esprit grec. Les écoles de philosophie s’y rattachèrent longtemps encore au Lycée ou à l’Académie. Athènes, toujours vénérée comme une mère, était cependant à moitié ruinée. Une autre ville, récente et merveilleuse, offrit aux méditations des sages l’asile de ses écoles royales. Alexandrie, capitale de l’Hellénisme, emporium de l’univers, marché ouvert au commerce du monde, en devint aussi le centre intellectuel. Toutes les sciences, encouragées par les Lagides, y fleurirent en paix à l’ombre du Musée et des Bibliothèques. Astronomie et mathématiques, histoire et géographie, poésie et philologie, études mythologiques ou morales, aucune branche de connaissances ne fut négligée. , pour ainsi dire, aboutissait la pensée humaine.