Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/87

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Aux frissons du silence avait prêté l’oreille
Et d’un œil coutumier sondé l’obscur parvis.
Et les taureaux sacrés, dans l’étable assouvis,
Reposaient pesamment près des auges d’agate,
Tandis que les ibis, debout sur une patte,
Au faîte habituel des triglyphes dorés,
Repliaient pour dormir leurs cous démesurés.
Et dans toute la Terre où croît le sycomore,
Le sommeil bienfaisant jusqu’à la pâle aurore
Sur des nattes de joncs berçait le peuple heureux.

Dans le temple choisi, riche en trésors nombreux,
Les flambeaux empourpraient d’une flamme éphémère
Le simulacre d’or d’Arsinoë, ta mère,
O Reine ! et sur l’autel brillant, selon tes vœux,
Fleurissait la moisson de tes divins cheveux.
O splendeur vaine ! Hélas, ma langue dans la bouche,
Comme l’âne rétif qui s’effare et se couche,
Résiste et se refuse à d’ineffables mots.
Car celui qui, sans crainte annonçant de grands maux,
Prononce allègrement des paroles impies,
Emporté dans le vol furieux des Harpyes,
Maudit et méprisé, redoute un prompt trépas.

Or, quand l’aube, semant des roses sous ses pas,
De l’Orient nacré jaillit, pour la prière
Le Prêtre vénérable écartant la barrière,
Dans le temple muet marchait en méditant.
Soudain, pâle, hagard, il s’arrête ; il étend