Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/105

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haute et plus pure ne conçut et n’accomplit le Devoir, Obéir à la destinée, comprendre la vanité de toute chose et n’en pas moins agir selon l’ordre éternel de la Nature, être bon, juste et pieux sans espérer de récompense et sans croire à la réalité des Dieux, telle fut la grave doctrine morale dont s’inspira le saint Empereur, Le Polythéisme ne pouvait plus être sauvé puisqu’il ne le fut pas par la vertu de Marc-Aurèle.

La vieille Athènes semblait dormir dans son glorieux linceul ; son université végétait sans éclat ; celle d’Alexandrie l’avait définitivement vaincue. Comme elle avait été sous les Lagides l’asile des sciences humaines, elle devint, sous la domination romaine, le centre des spéculations nouvelles. Philon, en essayant de combiner la Bible et les systèmes orientaux avec la philosophie de Platon, fut le précurseur du néo-platonisme. Un ancien portefaix, Ammonios, s’en fit l’apôtre, Plotin et sans doute Origène recueillirent ses leçons. Ainsi naquirent de la même source les deux grands courants de la philosophie néo-platoniciennne et de la philosophie chrétienne. De tant de rapports évidents, de aussi les innombrables hérésies qui troublèrent les premiers siècles de l’Église. Une d’elles particulièrement, difficile à bien connaître tant furent nombreuses ses diverses manifestations, le Gnosticisme, oriental avec Bardesane, égyptien avec Basilide et Valentin, s’inspirant à la fois du mazdéisme zoroastrien, des antiques théogonies de l’Égypte et de la Khaldée, de la Kabbale hébraïque et d’un évangile falsifié, ou peut-être simplement perdu pour nous, étonna les intelligences par l’étrangeté de ses songes,