Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/104

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L’agonie du Polythéisme commençait en effet. Elle fut longue, avec de nobles réveils, suivis de chutes profondes ; elle fut irrémédiable. La beauté pure des mythes et des Dieux d’Hellas n’étant plus comprise, la piété se réfugia dans d’obscurs sanctuaires. Les consolations que la vieille religion ne donnait plus, les espérances .qu’elle ne savait plus nourrir, le monde les demanda à des divinités barbares. Au fond des grottes symboliques, le Dieu perse, Mithra, accomplit le taurobole et purifie par le sanglant baptême. Isis et Sarapis accueillent les âmes inquiètes dans leurs temples égyptiens. Les mystères attirent ; les miracles étonnent et retiennent la foule. L’univers est en proie à une démence mystique et l’orgie orientale, l’orgie sacrée d’Élagabal, traînant son Dieu d’Émèse jusqu’au Capitole, affole et terrifie l’Occident.

Ainsi à l’unité chrétienne, persistante malgré les hérésies aussitôt dénoncées et condamnées, le Polythéisme n’opposait plus que des sectes divisées, au temple du Dieu unique que des chapelles particulières.

Sur toutes ces ruines, la philosophie seule florissait encore. Le Lycée et l’Académie renaissaient dans les écoles romaines et sous les portiques alexandrins.

Le monde venait d’admirer le plus magnifique exemple de la grandeur humaine. La Sagesse s’était assise sur le trône impérial et Marc-Aurèle avait incliné devant elle sa toute-puissante majesté. Marc-Aurèle, maître de l’univers, fut le disciple a" un esclave. Epictète enseignait la résignation ; Marc-Aurèle se résigna à la pourpre. Il la porta comme les stoïciens portaient leur manteau grossier. Jamais âme plus