Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/107

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dangereuses. Athènes demeurera pendant des siècles le suprême asile des Dieux.

Asile nécessaire, car la guerre qui leur était déclarée se faisait plus terrible et plus impitoyable. Un changement immense, le plus considérable peut-être que l’Histoire ait enregistré, venait de s’accomplir. Constantin avait officiellement embrassé le Christianisme. Une apparition miraculeuse lui avait-elle dessillé les yeux ? La politique l’avait-elle décidé ? Tout le glorieux passé s’écroulait ; les barbares assiégeaient déjà les frontières ; l’unité de gouvernement était brisée, Rome abandonnée par les Empereurs ; des Césars rivaux s’arrachaient les lambeaux de l’Empire. Une seule puissance se maintenait et s’accroissait. Le Christianisme, cimenté par les dernières persécutions de Dioclétien et de Maximin Daïa, représentait le principe d’autorité. D’autre part, tous les esprits cultivés ne croyaient plus depuis longtemps qu’à un Dieu unique. Pour eux tous les Dieux se confondaient en un seul, l’Être suprême, la Divinité. La Trinité chrétienne elle aussi ne formait qu’un seul Dieu. Pourquoi ne pas tenter la fusion définitive, le syncrétisme supérieur qui rendraient à l’Empire la paix si longtemps troublée, rétabliraient l’union nécessaire à ses intérêts menacés et lui apporteraient l’appui d’un parti vivant, actif, invincible ? La religion du Christ était une force ; Constantin la toléra d’abord, la ménagea, l’adopta, l’absorba enfin.

Le Christianisme a triomphé. État religieux dans l’État politique, la liberté devient son ennemie. Les hérésies menacent non seulement sa doctrine, mais aussi son existence