Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/108

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officielle ; les règles posées par les synodes particuliers, les anathèmes prononcés par eux ne suffisent plus ; il lui faut un Sénat ; il le réunit à Nicée, Le premier Concile œcuménique, présidé par le légat romain, est dominé par le trône de Constantin, Le symbole universel y est proclamé ; la foi catholique imposée ; et désormais l’autorité impériale se chargera d’exécuter les sentences de l’Église, mais la contraindra trop souvent, en échange, à sanctionner les pires forfaits.

La paix, rêvée par Constantin, ne fut pas même une trêve. Lui-même pencha vers l’Arianisme, après l’avoir condamné. A peine victorieuse, l’Église dut redescendre dans l’arène et affronter de nouveaux combats, plus graves et plus dangereux. Un philosophe, d’un esprit noble et méditatif, héritier lointain de Marc-Aurèle, régnait alors. Julien avait trouvé l’Empire dans le plus misérable état. Dans les grandes villes, Constantinople, Alexandrie, Antioche, en proie aux discussions religieuses, les Ariens et les orthodoxes se disputaient les consciences et plus encore les sièges épiscopaux. Le clergé excitait les discordes ; le sang avait coulé partout. Tels étaient donc les fruits de la conversion du monde, Julien, abreuvé aux sources helléniques, ne vit qu’un remède à tant de maux : le retour au passé et aux Dieux antiques, protecteurs de l’Empire, Le philosophe se fit théologien ; il invoque le Roi-Soleil et la Mère des Dieux, rêve une théogonie scientifique, flagelle les ridicules des chrétiens ; à leurs miracles, il oppose les miracles de ses thaumaturges. Mais le temps lui manque pour achever son œuvre ; il meurt comme un sage et comme un héros et de tant de zèle, de tant de piété, de tant de