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LA DESCENTE AUX ENFERS

Et sur leurs fronts égaux faire descendre et luire
Le signe salutaire, ô Christ ! et les conduire,
Ressuscites ensemble et confondus entre eux,
Vers le cercle infernal des palais sulfureux.


IV



Et ma chair angoisseuse et toute hérissée
Se glaça. Souvenir, illusion, pensée,
Tout s’effaça. L’horreur planait seule. Et voilà
Que l’Ange, compagnon de mon effroi, voila
Son front terrifié de son aile obscurcie.

Tout ce qui sans répit menace et supplicie,
Tout ce qui fait saigner et se tordre les corps,
Tout ce qui fait hurler, tout ce qui met aux bords
Des lèvres une infecte et dévorante écume,
Tout ce qui perce, étreint, ronge, embrase et consume,
Tous les bûchers fumants, tous les brasiers en feu
Dont l’ardeur s’exaspère aux vengeances de Dieu,
Tout ce que peut rêver la torture savante,
Tout ce que sait la haine et tout ce qu’elle invente,
Tout s’anime, s’irrite et rugit sur le seuil
De l’Antre du blasphème et de l’éternel deuil.

Et je vis une salle immense, ardente et rouge
Que du sol au plafond emplit un feu qui bouge