Par toi, le Démiurge actif, essentiel,
Conscient, pétrissant la matière asservie,
Faisant germer le monde et l’âme et le grand ciel,
Du sensible Univers réalisa l’idée.
Toute œuvre manifeste, à l’imparfait contour,
Par la conception du type est précédée ;
Mais l’ouvrier nouveau sait que son rêve, un jour,
Emané de l’esprit, doit fleurir dans la forme.
Ton rêve, ô Créateur ! conçu dans l’infini,
Dans le fini s’affirme et croît selon la Norme,
Vers le Premier Parfait avec l’Un réuni.
Salut, ô Fin suprême, où se perd la nature !
Où l’âme humaine tend comme vers le soleil
La plante prisonnière en une grotte obscure !
L’Esprit aspire au Bien, mais, hélas ! est pareil
À l’aiglon faible encor dont l’aile est impuissante.
Il hésite, il s’élance, il tombe. Il faut qu’il sente
Ta sage Providence éparse autour de lui.
Ô Dieu ! loin du fragile et loin de la matière,
Sois vers le Beau divin son guide et son appui !
Que par l’amour, l’effort, la vertu, la prière,
Sur l’aile du Désir l’âme s’élève aux Dieux !
Des Dieux intelligents la prière est l’amie ;
Par elle, fibre enfin, l’âme heureuse, affermie,
S’affranchit et s’absorbe en ton sein radieux,
Ô Principe ! et mêlée aux célestes Pléiades,
Comme un astre au zénith montant vers l’Unité,
Dans l’Absolu parfait conçoit les trois monades
Divines : Vérité, Symétrie et Beauté.
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LES SIÈCLES MORTS