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Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/135

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Salut ! Sur l’univers, dans la fange abattu,
Surgis, surgis encore, ô suprême Vertu,
           Immuable et toujours nouvelle,
Soleil jamais lassé de croître et d’éblouir,
Qui, de ton calme azur, vois pâlir et s’enfuir
           La comète qui s’échevèle !

À toi le dernier chant et les derniers parfums,
Et les derniers regrets, voués aux Dieux défunts,
           Et les larmes des nobles races
Embrassant ton autel de leurs bras épuisés !
Salut à toi, Déesse, aux lieux divinisés
           Par l’éternité de tes traces !

Du faîte de ton pur et sacré piédestal,
Laisse des temps maudits rouler le cours fatal,
           Laisse monter la nuit profonde.
Ainsi qu’un haut rocher qu’assiège un flot amer
Impérissable ment se dresse sur la mer,
           O Beauté, surgis sur le monde !