Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/137

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sa grappe.
Au soleil matinal je crains qu’il ne s’échappe
Ou que, devançant l’Astre à l’horizon du ciel,
Quelque voisin plus prompt ne le cueille et ne prive
L’indigent Parménas de la cire et du miel.
Mais ne me retiens plus, ami. Déjà la grive
Sur les hauts peupliers se pose et chante. Adieu.
Quand midi flamboiera dans la nue enflammée,
Sûrement je viendrai, riche et content de peu,
Partager avec toi ma capture embaumée.


NARTHALOS.

Va, cesse de tromper par un discours subtil
L’ami qui prudemment t’interroge. Faut-il
Des fleurs, ô malheureux, pour surprendre l’abeille ?
Eh quoi ! sous ton bras tremble un chevreau nouveau-né ;
Une colombe blanche, au bord de ta corbeille.
De son bec amoureux frappe le jonc tourné.
Que sais-je enfin ? ces dons, ces offrandes frivoles
Dont les païens, hélas ! aveugles aux clartés,
En des temples secrets engraissent les idoles.
Les chemins sont peu sûrs et les bois habités
Par des monstres, ami, dévorant au passage
Le mortel imprudent dont nul ange ou nul saint,
Fidèle compagnon, ne défend le voyage.


PARMÉNAS.

Je ne crains rien. Mon cœur est robuste et j’ai ceint
Mon glaive rouillé. Mais sur la ro