Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/145

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se humaine.
La beauté périssable et le rapide amour ?
Je suis le voyageur qui marche dans sa voie,
Oubliant la fatigue, heureux, pourvu qu’il voie
À l’horizon divin poindre le dernier jour.


PARMÉNAS.

Avant que l’Astre en feu n’étende au loin sa gloire,
Écoute, ô Narthalos, et grave en ta mémoire
Ce conseil qu’un matin, errant dans l’Agora,
J’entendis un vieillard donner à ses disciples :
— Aujourd’hui t’appartient ; ce que demain sera,
Tu l’ignores. Jouis. Les Destins sont multiples.
Rêve, aime, sois aimé. Hâte-toi de cueillir
Tous les bonheurs légers qu’un Dieu t’accorde encore.
Charme ton âme, enfant, mais sans t’enorgueillir
De connaître les Dieux que l’univers implore.
Quel que soit le sentier où s’attardent tes pas,
Suis-le paisiblement : il te mène au trépas.
Si la vie est un bien, bénis qui la procure ;
Espère et reçois peu ; vis caché, simple et droit,
Sans demander jamais à quelle source obscure
La Divinité puise un bonheur qui t’échoit. —