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LA DESCENTE AUX ENFERS

De l’Abîme, livrez aux flamboiements sinistres
Le spectre inattendu vomi par le tombeau !
Que sa mémoire, obscure et telle qu’un lambeau,
Soit désormais flottante au vent de ma colère !
Sanctuaire de l’ombre horrible et séculaire,
Douloureuses prisons, infrangibles enclos,
Emplissez-vous de cris et de plus longs sanglots !
Brûlez plus ardemment, ô chairs inconsumées !
Souillez de vos naseaux de plus chaudes fumées,
Rafraîchissez vos soifs à des pleurs inconnus,
Ô monstres accroupis sur des cadavres nus !
Et puisque, ô Fils de l’homme, au fond de la demeure
L’espérance oubliée a fleuri pour une heure,
Puisque les morts, voués à des tourments nouveaux.
Ont cru voir un instant s’éclaircir les caveaux,
Et par la brèche en feu glisser dans la Géhenne
L’illusoire pitié d’une aube surhumaine,
Que l’enfer soit plus sourd et plus déshérité ! —


V



Ainsi le Roi Satan parlait. À son côté
Silencieusement riait la Mort camuse.
Et je vis la milice innombrable et confuse
S’ébranler et bondir et par rangs écroulés
S’abattre en blasphémant aux pieds immaculés.
Alors, ô vision ineffable ! ô victoire !