Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/156

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Voici la proie. Alors, haletant sous la bure,
Le moine s’exaspère et bondit tout à coup,
Hideux, la face rouge et suant de luxure.

Mais, sans crainte, déjà Nymphodora debout,
Brandissant d’un poing fort la croix comme une masse.
A fait du front fendu jaillir un sang qui bout.

Et l’homme sacrilège agite dans l’espace
Ses bras velus, recule et s’adosse aux parois
Et tourne sur lui-même et tombe en criant : — Grâce !

Grâce par le Sauveur Jésus et par sa Croix
Qui me foudroie au seuil du crime irréparable !
Grâce par la pitié du Ciel en qui tu crois ! —

Alors, devant ce corps râlant et misérable,
L’écume du dégoût monta jusqu’à tes dents
Et l’amertume emplit ta bouche inexorable,

O femme ! — Cieux muets, inertes confidents
De mon angoisse, ô foudre, avez-vous sur ma tête
Croisé les glaives d’or de vos éclairs ardents ?

Quel ange de son aile a gardé ma retraite ?
Quel dieu m’a protégée, et pour le châtiment
Dans ton ciel, ô Jésus ! quelle vengeance est prête ?