Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/172

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Un cri barbare et long vibre dans l’édifice.
Homme et bête à la fois, couvert de poils, tenant
L’immortelle Syrinx en son poing rayonnant,
Un être au large sein, à l’impudique bouche,
Bondit, fauve, impudent, lascif, joyeux, farouche,
Et de ses pieds de bouc bat le sacré pavé.
En vain Sarapamôn, pâle et le bras levé,
Accourt, défend le seuil et rugit l’anathème :
Le Bouc divin s’approche et rit du vieillard blême.
Ardent, impétueux et dompteur effréné
Du peuple monacal dans l’ombre prosterné,
Il court. Et sa clameur formidable et rapide
Éveille un rude écho prolongé dans l’abside :
— Pan est toujours vivant, et le grand Pan c’est moi ! —

Et nul ne répondit au blasphème, et l’effroi
Silencieusement courba plus bas les têtes
Comme un champ d’épis mûrs au souffle des tempêtes,
Lorsque, d’un dernier bond, le Satyre moqueur,
Dépassant la clôture et les degrés du chœur,
Resplendit, seul et nu, dans la clarté des torches.

Alors le Chèvre-pied parla :

                                              — Fermez les porches ;
Tournez les clefs de bronze et doublez les verrous ;
Des murs, jamais trop hauts, bouchez les anciens trous ;
Dans les sables brûlants cachez les monastères ;
Épaississez la nuit autour de vos mystères :