Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/187

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Et voici que, dressé face à face avec elle,
Comme avant un combat s’insultent deux rivaux,
Le Pontife éperdu clame vers l’Immortelle
L’anathème du Christ et des siècles nouveaux :

— Rivage, flots brillants qu’a souillés la naissance
De la Prostituée aux sourires impurs,
Paphos, ô double ville, où la concupiscence
S’attache aux cœurs lépreux comme le lierre aux murs !

O jardins empestés de roses et d’arômes !
Bois qui prêtiez votre ombre aux délires secrets !
Voici que le Seigneur sur la sœur des Sodomes
Comme un archer farouche a fait voler ses traits !

Voici que, messager des vengeances célestes,
Je viens comme un faucheur raser le champ joyeux
Et rallumer le feu pour y brûler les restes
De l’immonde moisson qui mûrit sous les cieux.

Peuple, le temps n’est plus où les lyres profanes
Chantaient les jours heureux, l’amour et la beauté,
Tandis que haletaient les chœurs des courtisanes
Au bruit de l’aigre flûte et du sistre agité.

Paphos ! Paphos ! mépris éternel de la terre,
Tombeau voluptueux de la vertu des forts !
Paphos, qui, désertée, infâme et solitaire,
D’effluves souterrains troubles la paix des morts !