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Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/196

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C’est mon droit ; l’Empereur auguste me l’accorde.
L’Église, maternelle en sa miséricorde,
Sauvant l’âme aux dépens du corps persécuté,
La jette, ivre d’amour, de joie et de clarté,
Aux bras que le Sauveur ouvrit sur le Calvaire.

Sans les Pasteurs virils, sans moi, la Loi sévère
Serait telle qu’un glaive au fourreau. C’est en vain,
O Maître, qu’eût jadis coulé ton sang divin ;
En vain que la Colombe eût sacré tes apôtres,
Que Pierre eût triomphé, Paul combattu, que d’autres,
Confesseurs et martyrs, pontifes et docteurs,
De l’unité chrétienne immortels fondateurs,
Eussent d’un même élan parcouru la carrière,
Si nous, derniers soldats et postés en arrière,
Chassant tes ennemis de ton camp ravagé,
Avions faibli, Seigneur, et ne t’avions vengé !
Tout est bien. La foi vit et ton règne prospère
Au diocèse heureux dont tu m’as fait le père.
Encor quelques fronts durs et têtus à pétrir,
O Christ ! et devant toi je ferai refleurir,
Comme dans un jardin discret et symétrique,
La merveilleuse paix de l’Église d’Afrique.
Voici l’heure où l’agneau bêle auprès du bercail,
Où le bon ouvrier songe au pieux travail,
Et dans son champ, lavé d’une averse sanglante,
Hâte l’éclosion de la moisson trop lente.
Jésus, sois-lui propice et garde du péril
L’artisan de ta gloire entière. Ainsi soit-il ! —