Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/204

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Le sang comme une source au travers des murailles
Filtre. La mort avide a fauché sa moisson ;
Et la ville, où les corps gisent sans funérailles,
N’est plus qu’un monceau noir qui fume à l’horizon.

— Adônis ! Adônis ! couronné d’anémones,
        Naissant et mourant tour à tour,
Tu fais sur le chemin des saisons monotones
        Fleurir la douleur et l’amour ! —

Quelques femmes encore, au carnage échappées,
Ivres d’un rêve obscur, les yeux d’extase emplis,
Infatigablement traînent leurs mélopées
Sur la muette horreur des temples abolis :

— Adônis ! Adônis ! Adoré ! vois nos larmes,
        Romps le sceau du mystique adieu ;
Ressuscite ! La vie aura de nouveaux charmes
        Pour fêter le réveil d’un Dieu ! —