Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/206

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Brille, comme un trésor qu’un laboureur hâtif
Dans le sillon béant révèle à la lumière.

Oui, le guerrier chrétien, frappé d’un trait furtif,
L’époux futur, promis à ton amour pudique,
Sans prière et sans nom gît au désert d’Afrique.
Messager du Très-Haut, l’obéissant destin
A tranché d’un seul coup avec l’arbre robuste
La tige où s’enlaçait la (leur de ton matin.
Jamais l’anneau mystique, où la croix d’or s’incruste,
D’un cercle étincelant ne chargera ton doigt ;
Et tu n’entendras pas, ô Vierge déjà veuve !
Le rire des enfants charmer ton triste toit.
Mais le Seigneur Jésus sourit à ton épreuve
Et fait aux yeux des Saints, dans le ciel enchanté,
S’épanouir le lys de ta virginité.
Telle que la colombe errante et menacée,
Ton âme eût-elle en vain affronté les périls ?
Voix flatteuses, splendeurs d’une cour insensée,
Tentations, désirs sans frein, exemples vils,
Voluptueux regrets des Dieux qu’Hellas honore,
Peut-être, j’en frémis, dans ce cœur qui s’ignore
Eussiez-vous goutte à goutte et sourdement filtré,
Comme un ruisseau fangeux en un bassin limpide !

Sur quel mensonge amer, ma fille, as-tu pleuré ?
Des choses d’ici-bas la fuite est plus rapide
Que le vol inquiet de l’oiseau vers son nid.
Midi flambe et déjà le soir marche dans l’ombre,