Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/215

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n au port.
Et mon cœur se dilate et le désir le mord,
Avant de replonger dans l’ombre coutumière,
D’aimer et d’être heureux dans l’or et la lumière.
Car je t’ai vue, ô toi, ma joie et mon espoir !
Toi qui passais, livrant au vent léger du soir
Tes seins frais dont les fleurs fleurissaient ta tunique.
Dédaigneuse et plus belle en ta splendeur unique
Que les marbres sculptés dont le soleil baissant
Teignait d’un rouge éclat d’incendie ou de sang
La nudité moqueuse et la roideur inerte,
Tu passais, ô beauté, dans ta litière ouverte.
L’aigre flûte réglait le pas des noirs porteurs ;
Et poudreux, haletants, Comtes et Sénateurs
Te suivaient et, jaloux, disputaient aux Patrices
Les roses qui pleuvaient de tes mains séductrices.
Me voici ; c’est mon tour ! Je t’aime aussi. Je vaux
Ces esclaves dorés et ces mornes rivaux
Aussi las pour aimer que pour ceindre l’armure.
J’aime tes yeux profonds et clairs, ta chevelure
Brillante sur ton front comme un casque d’airain,
Tes colliers, tes joyaux à l’éclat souverain,
Les parfums de ta chair, fleur de la race humaine,
Et ta grâce fragile et ta beauté romaine.
Viens !


HELLA.

                      Le fauve lion, qui s’apprivoise enfin,
Dans la maison d’Hella satisfera s