Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/214

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races.
De quelle proie errante as-tu flairé les traces ?
De quel dernier carnage, oublié par les Huns,
Viens-tu dans la cité humer les chauds parfums ?
Que me veux-tu ?


EUTHARIK.

                            T’aimer !


HELLA.

                                                        Pitié ! je tremble.


EUTHARIK.

                                                                                             Écoute.
Assez longtemps mes pieds ont saigné sur la route,
O femme ! assez longtemps, effroi des citadins,
J’ai respiré de loin l’odeur de vos jardins,
Comme un passant qu’on chasse en lui jetant des pierres.
Que de fois, franchissant fossés et murs-frontières,
Rôdeur aventureux, autour de vos enclos,
De mes chevaux ardents j’excitai les galops !
Ta richesse, ton nom, ta gloire, ô Romanie,
De rêves somptueux peuplaient mon insomnie
Et, comme au faîte altier d’un temple radieux,
Constantinople-reine éblouissait mes yeux.
Et je foule aujourd’hui ses pavés de porphyre !
Je suis comme un homme ivre et joyeux, qui chavire
Du Cirque à l’Hebdomon, de l’Hebdomo