Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/221

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mes doigts
Convulsifs dans sa gorge ont creusé leurs empreintes.
Ses yeux, ses larges yeux aux prunelles éteintes
Jaillissent de l’orbite. Horreur ! sa langue pend ;
Une visqueuse et rouge écume se répand
Hors de la bouche. Horreur ! Elle gît là, farouche,
Violette, effrayante, au travers de la couche,
Dans l’éternel linceul de ses cheveux obscurs.
J’ai tué la Romaine. Où suis-je ?






LA NOURRICE.

                                                            Sur les murs
La corneille en passant, sinistre et noire, ébauche
Une ombre qui menace en décroissant à gauche.
J’ai peur. Maîtresse, enfant, mon âme, réponds-moi !
Rien. J’entre en frémissant d’un augurai émoi.
Dieux ! La chambre est béante où la mort s’est ruée ;
La maîtresse est muette et livide, tuée
Par le Barbare ! Au meurtre ! O serviteurs d’Hella,
Accourez ! Armez-vous de haches ! Celui-là,
Le meurtrier fatal, l’homme roux qui s’élance
N’atteindra pas vivant le seuil vengé !


EUTHARIK.

                                                     Silence !
La vipère est broyée et ne sifflera plus.
O fleuves, roulez-moi dans vos anciens reflu