Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/224

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Afin que, chancelant sous le vent qui te suit,
Ruinés, avilis, les marbres du mensonge,
Dieux, Déesses, Héros, que l’herbe avide ronge,
Dorment leur vil sommeil dans la fange et la nuit.

Au butin ! Le Seigneur, ô Chef, arme ta droite !
A toi bijoux, trésors, vases d’argent sertis !
Si pour tout contenir tes chars sont trop petits,
Si de ton camp borné l’enceinte est trop étroite.

O Roi, nous serons là, sans nombre, à ton départ,
Nous, les moines chrétiens, les pauvres, les modestes,
Pour achever ton œuvre et recueillir tes restes
Et du Ciel indulgent réserver l’humble part. —

Tels, devant Alarik, pleins de rage et de joie,
Enivrés de vengeance et de sanglants espoirs,
Croix, haches ou brandons aux poings, les Hommes noirs
Clamaient, et sans pitié montraient la noble proie.

Et le Barbare, au pied des remparts inégaux,
Entendait, sous les cieux, monter la rumeur vile,
Et d’un geste brutal excitait vers ta ville,
O Pallas-Athènè ! l’essor des guerriers Goths.

Il voit au loin la foule, en longue théorie,
Traîner ses pas craintifs à travers les Longs-Murs,
Et les vierges, le front ceint de voiles obscurs,
Mener en gémissant le deuil de la Patrie.