Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/225

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Parmi les oliviers, il voit, sur les coteaux,
Les Simulacres blancs allonger leurs allées
Et, sur le faîte auguste où sont les Propylées,
Du Parthénon divin fleurir les chapiteaux.

Sans remords, ignorant l’air sacré qu’il respire,
Il va, ne sachant rien du sol qu’il a foulé,
Sinon qu’un blond soleil y fait mûrir le blé
Et que la Cité sainte est un lambeau d’empire.

Sa horde aux cheveux roux, fauve et montrant les crocs.
À l’appel monacal mêlant un cri barbare,
Reflue autour de lui, gronde et déjà prépare
Un rouge sacrifice aux esprits des Héros.

L’Ilyssos empourpré, sous les lauriers des berges.
Vers la sanglante mer charriera de grands morts ;
Et les vaisseaux visqueux sombreront dans les ports,
Et l’Agora sans bruit boira le sang des vierges.

Le Balthe a secoué dans l’air son glaive aigu,
Et l’armée en hurlant bondit vers les murailles ;
Et l’univers, ce soir, comme à des funérailles,
Dira, voilant sa face : — Athènes a vécu ! —

Le sacrilège assaut se précipite et roule,
O terreur ! Mais soudain, frémissant et dompté,
Le vain torrent se brise au seuil de la Cité.
L’épouvante divine a traversé la foule.