Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/241

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les mousses,
Ta chaude pluie, ô Zeus ! et ta fraîcheur, ô Nuit !
Mais, cher Théophanès, le Dieu qui me séduit,
Le Dieu jeune et charmant dont le sang pur arrose
La couche d’or, parmi l’anémone et la rose,
L’Adônis de Byblos, pâle et le flanc ouvert,
Le Dieu que j’aime enfin, n’a-t-il donc pas souffert ?


HERMOGÉNÈS.

Et vous, neigeux sommets, cavernes de Phrygie,
Où retentit la vaste et frénétique orgie,
Séculaires forêts, n’avez-vous point tremblé
Des longs rugissements d’Atys émasculé,
Quand le sang généreux du martyr volontaire
D’un infécond torrent purifiait la terre ?
Et toi, dont Babylone a connu la douleur,
Amante de Tammouz, moissonné dans sa fleur ?
Et toi, dont le sanglot sort de la vieille Egypte
Comme un bruit souterrain d’une invisible crypte,
O Mère, Épouse, Sœur, au sein trois fois percé,
Isis ! le Dieu des morts, ne l’as-tu pas bercé,
Défunt et mutilé, sur tes genoux funèbres ?
Ainsi, Théophanès, celui dont tu célèbres
Les mystères obscurs et le culte inconnu,
Le Dieu galiléen qui gît, inerte et nu,
Et brise le sépulcre à la troisième aurore,
Le dernier-né des Dieux que la Syrie adore,
Pleuré d’une Déesse et cher aux mornes cœurs,
Celui-là peut siéger parmi les sombres chœurs