Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/240

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Il a surgi, Celui qu’annonçait la Sibylle,
L’Enfant miraculeux qui dans sa main débile
Tient aujourd’hui le globe et le sceptre vainqueur.
Il est né dans l’étable et les Anges en chœur
Guidèrent, aux rayons de l’astre prophétique,
Les Rois et les pasteurs vers son berceau rustique.
Et les humbles pensifs, les pauvres, les souffrants,
Comme un troupeau perdu, suivaient ses pas errants
Des sables du désert aux lacs de Galilée.
Et quand de la colline infâme et désolée,
Devant Jérusalem, monta vers le ciel noir
La suprême clameur du divin désespoir,
Le grand cri douloureux des âmes moribondes
Emplit comme un écho les siècles et les mondes.

L’âme nouvelle, amis, avait pris son essor.
Dans le deuil et l’effroi vous l’entendez encor
Au pied du Mont sacré pousser sa plainte ardente.
Les pleurs, comme une source amère et fécondante,
Ruissellent de la Croix dans les cœurs altérés ;
La Vierge maternelle, entre ses bras navrés
Berçant éperdument le cadavre du Juste,
Divinisa l’angoisse et la souffrance auguste,
Et l’âme est comme un arbre épanoui qui sort
Vivace et florissant du sol noir de la mort.


PRAXILLA.

Oui, la douleur est bonne et les larmes sont douces,
Telles qu’aux jours d’été, sur les fleurs et