Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/248

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Du bien toujours puni par le ciel envieux
Et de l’homme, opposant à la fureur des Dieux
Dans un corps en lambeaux un cœur indestructible.


HERMOGÉNÈS.

Telle, toujours voilée, impalpable et flexible,
L’humaine vérité fuit par divers sentiers.
Légères fictions, rêves, dogmes ailiers
Enlacent à l’antique et vénérable branche
Le lierre parasite ou l’avide orobanche.
Éphémères témoins, nous, respirons la fleur,
Sans demander quel peintre a choisi sa couleur
Ni comment ses parfums sont nés d’un frais zéphire.
Amis, du sein du fleuve où Sélènè se mire
Monte une vapeur bleue ; au fond du ciel pâli
Les astres en silence ont sans doute accompli
Sous la baguette d’or du céleste Chorège
La moitié du chemin que l’heure agile abrège.
Cessant d’interroger les mondes endormis,
Invoquons le sommeil, et que les Dieux amis
Fassent pieusement flotter dans nos prunelles
Le songe ineffacé des Formes éternelles.