Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/27

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De Sarepta joyeuse abandonnant l’enceinte,
Parmi les jeux légers et les cris des jongleurs,
Le peuple entier suivait la procession sainte
Vers l’éclatant rivage et le navire en fleurs.

Vouée à Sarapis, la flûte traversière
Aigrement répondait aux sistres embrochés ;
Les baumes épandus parfumaient la poussière
Et les roses pleuvaient sur les chemins jonchés.

Graves, dans les plis droits des blancs péplos de laine,
Des femmes aux beaux bras soulevaient sur leurs dos
Des miroirs retournés où se mirait leur Reine,
Et les prêtres ployaient sous les sacrés fardeaux.

Voici les deux autels aux mains du Pastophore
Et la galère en feu d’où jaillit un fanal
Et le haut Caducée et la branche et l’amphore
Et le vase arrondi comme un sein virginal ;

Et, dans l’ordre prescrit, la foule tutélaire
Des Dieux : le Messager fauve, terrible à voir,
L’Anubis monstrueux, le Chien crépusculaire
Dont le museau farouche est tantôt rouge ou noir ;

Et la Vache féconde offrant, comme un symbole,
L’intarissable lait ruisselant de ses pis ;
Et Kybèle étrangère, au front qui s’auréole
De rayons et de tours, de pavots et d’épis.