Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/38

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— Voici le vêtement de la triple Puissance
Qu’a tissé de rayons l’antique Connaissance,
L’habit où sont gravés les sceaux mystérieux
Du Destin, de la Sphère et des vingt-quatre Lieux.
Ses plis sont comme une aile ouverte qui m’enlève.
Dans l’invisible abîme où j’ai volé sans trêve,
O cinq Gouffres, ô sept Amen, ô cinq Rameaux,
O Voix, ô neuf Gardiens, ô Sauveur des Jumeaux,
Par leur ordre et leur nom j’ai connu vos mystères !
J’ai changé le chemin des globes planétaires
Et, loin de la Lumière et du Trésor perdu,
Dans le chaos nocturne où je suis descendu
J’ai sauvé l’âme errante et Sophia punie.
Qui suis-je ? Qu’ai-je fait ? Lorsque sera finie
La fuite, dans les temps, des siècles révolus,
Lorsque tous les Æons, ne se distinguant plus,
Dans la Perfection du céleste royaume
Réuniront leur gloire au centre du Plérôme,
Alors, ô Bien-aimés, l’Esprit vous répondra !
Maintenant dans la nuit une autre parlera,
Disant le vain désir, la chute, la souffrance,
Le chaos ténébreux, la vivace espérance
Et le salut suprême et l’immortalité ! —

Dans une brume d’or, la multiple clarté
Décroissait lentement ainsi qu’au crépuscule
Le soleil moribond en palissant recule.
Les Disciples, hagards, mains jointes, à genoux,