Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/41

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Et, d’Æons en Æons, de Mystère en Mystère,
Dépouillé mon éclat et semé mes Vertus.
Et les jours étaient clos et les chants s’étaient tus.
Au fond du noir Chaos, comme un mourant qui râle,
Je gisais ; mais, dans l’ombre avide et sépulcrale,
Du lumineux Trésor le souvenir vainqueur
Impérissablement illuminait mon cœur.
Monstres, nés de l’abîme, ô Puissances funèbres,
O Face de lion surveillant les ténèbres,
Ialdabaôth, gardien du mirage éclatant,
Arkhons, Tridynamos, vous entendiez pourtant
L’hymne du repentir monter vers la Lumière :

Voici que je serai semblable à la poussière
Que disperse, le soir, le pas des animaux ;
Voici que, fléchissant sous le fardeau des maux,
Comme un blessé jeté dans une sépulture,
J’ai mes pleurs pour breuvage et ma chair pour pâture.
Le pied de l’Arrogant m’accable et les Æons,
Pleins de haine, jaloux, joyeux, ont dit :.— Créons
Des supplices nouveaux pour Sophia captive. —
Et je supplie en vain l’ombré vindicative ;
Et, comme un fleuve impur roulant d’épais limons,
Débordent de leur lit creusé par les démons
Les émanations troubles de la matière.
Et cependant vers Toi j’ai soupiré, Lumière !
J’ai nourri l’espérance immortelle et j’ai cru
En ton rayon divin dans les. cieux apparu.
Lumière, prends pitié ! Lumière haute, penche