Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/42

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Vers ma face de deuil ta face auguste et blanche,
Et relève mon cœur fidèle et délivré
Pour n’avoir point maudit et point désespéré.

Tel j’ai chanté mon chant, et l’hymne de ma bouche
Irrita l’Arrogant plus sombre et plus farouche.
Et de son souille rude émanaient le Serpent,
Le Basilic royal et le Dragon rampant
Dont sept têtes de feu hérissent l’encolure.
Et, comme ensevelie en ma propre souillure,
Je périssais, Jésus, cher Æon ! quand tu vins
A ma suprême angoisse ouvrir tes bras divins.

Et te reconnaissant, je t’ai chanté mon psaume,
Jésus, Fils de Christos, Æon, Fruit du Plérôme,
Messager du Salut, suivi par Mikhaël !
Abîme inférieur, Abime d’en haut, Ciel,
Sphères, ô sombres Lieux voués aux Démiurges,
Écoutez ! Écoutez, Anges, Décans. Liturges,
Le psaume inattendu qu’a chanté Sophia :

L’Abîme a vu passer celui qui délia
L’Arrogant et, vainqueur de la nuit et du piège,
Me dressa sur la Bête et me donna pour siège
Les sept fronts du Dragon dans le puits du néant.
Salut à toi, Jésus ! Naguère en te créant,
Gage parfait et pur de leur reconnaissance,
Les grands Æons, mêlant leur plus subtile essence,
Par Christos et Pneuma dans l’ordre t’ont produit,