Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/44

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Et Pistis Sophia se taisant, sa splendeur
Comme un astre fuyant fendit la profondeur,
Déchira la nuée en laissant derrière elle
Un fleuve de clarté blanche et surnaturelle,
Fit dans le blême ciel pâlir la lune, emplit
L’immensité, monta toujours, s’ensevelit
Dans l’Invisible et vague, impalpable, ravie,
S’évanouit au gouffre éclatant de la Vie.

Alors, comme un berger d’un sommet obscurci,
Jésus redescendit du nuage, et voici
La parole suprême écrite par Philippe :
— Heureux, en vérité, l’Esprit qui participe
Au Mystère et comprend que le jour est venu
De la rédemption par le Verbe inconnu !
Heureux qui sait et voit ! Heureux en qui le Père
Par la Grâce, la Gnose et le Silence opère
La résurrection de l’Esprit ! Tel qu’un mort
Libre de ses liens s’éveille, entend et sort
Du sépulcre, l’Esprit que la foi sainte enivre,
Après avoir souffert, se réjouit de suivre
Sophia lumineuse au fond des infinis.
Et maintenant, des sceaux et des nombres munis,
Allez comme elle, allez vers la splendeur nouvelle
Du Nom mystérieux que la Gnose révèle,
Afin qu’en vérité, lumière, grâce et foi,
Vous sachiez pourquoi l’âme est un souffle, pourquoi
La matière est coupable et se révolte et souffre,