Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/45

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Pourquoi le mont altier naît à côté du gouffre,
Pourquoi tremble l’agneau, pourquoi rôdent les loups,
Pourquoi les cieux sont clairs et les Æons jaloux.

Les temps sont accomplis. Possesseurs invincibles
Du Mystère émané de tous les Invisibles,
Montez par les chemins révélés, à travers
Les ténèbres, l’abîme et les noirs univers,
Vers l’éblouissement de l’immuable cause.
Adieu ! Ceints de l’armure intacte de la Gnose,
Ayant l’esprit pour glaive et la foi pour soutien,
Apparaissez debout sur l’horizon païen,
Tels que, vengeur du mal, de l’ombre et du blasphème.
Au jour du Jugement je surgirai moi-même ! —

Et Jésus s’envola dans la flamme ; et soudain
La nuit s’enfuit. Une aube éclaire le Jardin.
Comme lorsqu’une lampe illumine une salle.
Du bûcher de l’offrande un arôme s’exhale ;
Et les Apôtres purs, extasiés, priant,
Selon le rite exact tournés vers l’Orient,
Élevant en leurs mains l’herbe généthliaque,
Le papyrus rigide et la plante héliaque,
Initiés au Verbe éternel, pèlerins
De l’Esprit, précurseurs du jour, ceignant leurs reins,
Se dispersent, semant aux quatre angles du monde
La semence vitale et la Gnose féconde.