Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/62

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Un olivier mystique ombrage de sa feuille
La fente du rocher. Glisse-toi ; prends ma main ;
Suis-moi. Prêtre du Dieu bienfaisant qui t’accueille,
J’écarte les rameaux de ton obscur chemin.

Dénoue en pénétrant tes longs cheveux ; dépouille
Ta robe, et de ton corps impie et débauché,
Comme d’un glaive terne on efface la rouille,
Efface obstinément la lèpre du péché.

Femme, meurtris ta chair fragile et prise au piège
Du mal universel et de l’obscurité.
L’habit des suppliants te couvre et te protège
Comme sous un linceul un cadavre abrité.

Des vieilles passions éternellement veuve,
A tes vaines amours jette un suprême adieu ;
Au triple aveuglement convient la triple épreuve
Infaillible, par l’eau, par le sang, par le feu.

Du temple extérieur franchis la colonnade ;
Descends les noirs degrés. Sur les sombres parois
L’épi jaune et barbu s’unit à la grenade,
Le pin pyramidal s’adosse aux cyprès droits.

Autour du souterrain sacré, le Zodiaque
Roule sa roue énorme et ses astres sculptés,
Et dans sa profondeur la grotte mithriaque
Cache tout l’univers et ses Divinités.