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Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/64

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Du monstre agenouillé piquant la chair secrète,
Le scorpion maudit tend ses pinces de fer :
Mais le chien vigilant, accroupi sous la bête,
Lèche la plaie atroce et boit le sang amer.

Maintenant, ô terreur ! sous l’autel descendue,
O myste, incline-toi ; baise le sol fangeux ;
Le sang lustral s’épand sur ta tête éperdue
Comme les flots épais d’un déluge orageux.

Car là-haut, dominant le formidable groupe,
Levant le coutelas qui luit hors du fourreau,
Mithra de son genou presse la fauve croupe
Et tranche d’un seul coup la gorge du Taureau.

Victoire ! Il est tombé. Le sang brûlant t’asperge ;
Le sang jusqu’à ton col pousse son flux ardent,
Et tu plonges, roulée au flot qui te submerge,
Dans la pourpre du bain mystique et fécondant.

Victoire au Dieu ! Victoire au Couronné qui l’aime
Et siège avec Mithra sur le sommet vermeil !
Victoire à toi, naissant par le sanglant baptême
A la Vie immortelle au sein du Dieu-Soleil !

Combats, initiée au suprême symbole,
Parmi la Légion qui sait les mots vainqueurs,
Et, des limons visqueux où pleut le taurobole,
Vois le germe futur se lever dans les cœurs !