Page:Guerne - Les Siècles morts, III, 1897.djvu/65

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Vide la coupe sainte où fermente sans terme
Le sang très pur promis au monde racheté ;
Mange le pain sauveur où Mithra même enferme
Son essence invisible et sa Divinité.

Ainsi qu’au fond du ciel le peuple magnifique
Des astres que nul œil humain ne dénombra,
Adore, ensevelie en ton rêve extatique,
Les Dieux de tous les temps pullulant dans Mithra.

Car Lui seul, arrachant aux embûches funèbres
Ton âme frémissante, en proie aux noirs démons,
L’emportera, sauvée, à travers les ténèbres
Vers l’Antre bienheureux qui fleurit sur les monts.

Pâle étrangère, adieu. Pure selon les rites,
Ivre et sanglante encor du flot sacramental,
Pars ! Au murmure lent des paroles prescrites,
Les portes s’ouvriront pour le retour fatal.

Pour le retour furtif vers la nuit et la terre
Silencieusement les portes s’ouvriront ;
Et, vouée à jamais au secret du Mystère,
Passe, la bouche close et du sang sur le front.